Sage-femmes à Kalché
Compte rendu de notre mission à Kalché
PREPARATION DE LA MISSION:
Nous avons réussi à récolter 60 kg de matériel (divers médicaments, désinfectants, compresses stériles et non stériles, pansements/kits stériles à pansements, gants stériles et non stériles/doigtiers, attelles, minerves, couvertures de survie, lunettes de vue...).
KATMANDOU:
Nous avons logé 1 semaine chez Danzé. Ainsi nous avons pu nous imprégner de la culture népalaise à travers nos visites, et la vie de la famille.
Nous avons organisé le voyage pour Kalché avec Lakpa Sherpa, Tobias et Danzé concernant le matériel, les porteurs, le bus.... Puis nous avons fait les achats nécessaires (courses alimentaires et matériels). Nous avons pu rencontrer Prem et Lalmaya Lama auprès desquels nous avons récupéré le rapport annuel de la santé au Népal.
Nous nous sommes rendues dans plusieurs hôpitaux afin de rencontrer des personnels soignants et pour récupérer des affiches de prévention, d'information sur l'hygiène, sur la santé des femmes et des enfants. Nous nous sommes rendues également dans plusieurs pharmacies dans le même objectif. Il y avait plusieurs affiches concernant l'hygiène des mains, la vaccination, nutrition des enfants mais personne n'a voulu nous en donner ou nous permettre d'en photocopier...
Nous avons aussi rencontré Monique, une amie de Danzé, qui vit la moitié de l'année depuis 10 ans au Népal et qui connaît bien la culture népalaise. Nous avons pu échanger sur les conditions de vie dans les montagnes népalaises avec Monique, Danzé et Lakpa Sherpa. Lakpa, étant déjà allée à Kalché et connaissant bien la population, nous a présenté les conditions de vie du village, la mentalité de la population, leurs habitudes de vie...
Nous avons récupéré toute l'Amoxicilline fournie par l'association (Tobias, Claude...) Le départ pour Kalché se fit en bus local de Katmandou à Karanitar. A l'arrivée à Karanitar les porteurs n'étaient pas sur place, car ce jour ci le gouvernement distribuait de l'argent à la population (tremblement de terre). Finalement nous avons trouvé 6 porteurs et nous avons marché 5h jusqu'à Kalché. Au village nous avons été accueillies par la famille de l'ancien chef du village
Dès le premier jour, le médecin des plantes, le maire et Lakpa Sherpa ont planifié des consultations par village (Baidartol, Gelentol, Thanztol, déplacement à Okré, Kanchetol, Donztol, déplacement à Lachang, Hepal Ahaletol, Sherpatol, Hopital de Karanitar au retour). Ils ont répandu l'information dans chaque village, deux jours étaient consacrés par village. Le rendez-vous était donné au dispensaire de Kalché. Après discussion, il nous a semblé plus judicieux d'organiser des consultations individuelles par village, plutôt que des groupes de paroles. En effet les femmes étant très pudiques, elles ne se livrent jamais en groupe. De plus celles-ci n'ont pas été demandeuses.
KALCHÉ Consultations → Ce que l'on a pu faire : – Consultations de femmes enceintes : Nous avons fait principalement des consultations de suivi de grossesse, de l'information grossesse/accouchement/allaitement, de la prévention : alimentaire, alcool, hygiène à l’accouchement (comment couper le cordon ?
Habituellement elles le coupent avec une faucille qu'elles utilisent pour les champs, sans la nettoyer. De plus elles ne font pas de nœud au cordon du côté du bébé. On leur explique donc de prendre un couteau préalablement nettoyé et/ou brûlé pour désinfecter. Et qu'il faut qu'elles fassent un nœud au niveau du cordon du côté du bébé pour éviter une hémorragie néonatale), complications accouchement (Comment éviter une hémorragie ? On leur explique qu'il faut qu'elles massent leur utérus avant et après la délivrance du placenta).
Nous les informons qu'elles ont la possibilité de faire suivre leur grossesse et nouveau-né à Okré avec le médecin généraliste ou Lachang avec l'infirmière spécialisée et le médecin. Nous les avons aussi informées qu'il existe dans le village 5 femmes faisant partie du syndicat des femmes et qui sont formées pour les premiers gestes concernant les complications à l'accouchement. Nous avons donné des traitements (fer, spasfon, paracétamol, antibiotiques) lorsque c'était nécessaire.
Nous avons demandé à plusieurs reprises aux femmes et aux syndicats des femmes si nous pouvions assister ou aider à l’accouchement. – Consultations gynécologiques : information contraception (pilule, implant et injection de progestérone disponible à Okré auprès du médecin généraliste). Finalement beaucoup de femmes rencontrées étaient déjà sous contraception. Informations prolapsus, et conseils donnés pour le prévenir.
– Consultations auprès des enfants : prévention hygiène, soins des plaies, et consultations/ traitement donné en fonction des symptômes. Informations sur les conséquences de l'alcool sur les enfants et nouveau-nés.
– Consultations auprès des adultes : diverses pathologies que nous allons préciser et qui nécessiteraient des médecins spécialisés. Nous avons orienté vers l'hôpital de Karanitar ou le medecin généraliste à Okré. Et nous avons essayé de soulager leurs maux au maximum.
– Action éducative auprès des écoliers : cours d'hygiène et lavage des mains dans chaque classe .
→ Les principaux problèmes que nous avons rencontrés :
– HYGIÈNE+++++ : Ce problème concerne tous les âges. Ce manque d'hygiène entraîne de multiples infections et problèmes dermatologiques. Pourtant l'eau et le savon sont à disposition au village.
– Alcoolisme : ce problème concerne tous les âges. Chaque foyer fabrique son alcool et tous les jours nous avons été confrontées à des hommes, femmes, femmes enceintes et enfants alcoolisés.
– Pudeur des femmes : Il nous était impossible de les examiner au niveau gynécologique (Par exemple lorsque les femmes enceintes nous décrivaient une perte de liquide pour vérifier si c'était du liquide amniotique, ou des pertes physiologiques ou de l'urine. Ou lorsqu'elles nous décrivaient des contractions utérines pour vérifier le col de l'utérus).
Nous ne pouvions pas les examiner également lorsqu'elles nous décrivaient un prolapsus. Les femmes accouchent seules chez elles, et nous n'avons pas pu y participer. Les femmes enceintes les plus jeunes font de plus en plus appel aux syndicats des femmes ou matrones pour leur accouchement.
– Nous n'avons pas pu aborder le sujet des MST avec les femmes à cause de la barrière de la langue, et du tabou de la sexualité. Mais lors de notre visite à Lanchang, nous avons pu rencontrer infirmière spécialisée et médecin qui font le suivi des grossesses. L'Etat leur fourni des tests de dépistage du SIDA. Ceux-ci sont faits en systématiques à la première consultation de grossesse, et ils ont toujours été négatifs d'après leurs dires. Ces tests ne sont pas disponibles au village de Kalché.
– Problèmes ophtalmologiques, articulaires, digestifs, cardio respiratoires. De notre point de vue, les problèmes ophtalmologiques et articulaires nécessiteraient la présence d'un spécialiste, voire de chirurgiens. Pour le reste un médecin généraliste devrait suffire
Rencontres → Syndicat des femmes: elles sont 5, elles sont formées par le gouvernement sur le suivi de la grossesse et de l'accouchement. Elles se réunissent 1 fois par mois au dispensaire du village pour faire les consultations de grossesse. Une infirmière d'Okré envoyée par le gouvernement, consulte également ce jour-ci pour distribuer des médicaments fournis par le gouvernement pour les femmes enceintes (médicaments antiparasitaires, fer). Nous les avons toutes rencontrées lors d'une de leur venue.
De notre point de vue, ces femmes ont très peu de connaissance sur la grossesse et l'accouchement. Elles n'ont pas été formées sur les principales règles d'hygiène. De plus elles distribuent les médicaments à leur disposition sans rigueur (pas de notion de posologie, date de péremption, connaissance de l'utilité du médicament…).
→ Melina Tamang (femme du village) est venue à notre rencontre pour nous expliquer qu'elle est en formation avec la croix rouge concernant l'hygiène et la santé. Elle a souhaité qu'on la forme concernant la grossesse, l'accouchement, contraception, prolapsus, vaccination, ce que nous avons fait.
Comments